04 Juin 2025

Une approche « contrat social » pour penser les enjeux politiques d’une transition de la mobilité

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Jean-Philippe Hermine
Directeur Général
MarionBet
Marion Bet
Chercheuse, Modes de vie en transition, Iddri
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Mathieu Saujot
Directeur, Modes de vie en transition, Iddri
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Simon Louedin
Analyste

Le secteur de la mobilité est particulièrement illustratif des défis sociaux et politiques auxquels nous confronte la transition écologique. Son empreinte environnementale, tout d’abord, est très importante : la réduire implique de combiner innovation technique, investissement et changement des pratiques à un rythme soutenu. Son rôle dans les modes de vie est, par ailleurs, central : ce qui touche à la mobilité (politiques publiques, taxes, etc.) se révèle donc très sensible. Le secteur exige également une prise en considération attentive des enjeux de justice. Les mesures qui concernent la mobilité impliquent, en effet, des enjeux de distribution des ressources et donc d’équité : répartition de l’accès aux infrastructures, allocation de l’espace disponible, partage des contributions monétaires, affectations des dépenses publiques. L’évolution de ce secteur pose donc des questions très politiques ; les débats actuels autour des zones à faibles émissions (ZFE) en sont un révélateur (Loisel et Rio, 2025; Braud, 2025). Surmonter de tels défis nécessite un travail à moyen terme, afin de contribuer à éclairer, par des données et des méthodes d’analyse complémentaires, les débats sur les politiques de transition de la mobilité – rôle investi par l’Institut Mobilités en Transition.

Depuis plusieurs années, l’Iddri développe une approche par le contrat social et les modes de vie qui vise précisément à mieux éclairer les conditions sociales et politiques du projet de transition écologique. Deux constats fondent ce travail. D’une part, reconnaître le fait que la transition, par son ampleur, bouscule un ensemble de règles propres à la vie collective, et qu’elle va devoir se réaliser dans un contexte déjà marqué par des iniquités : le concept de contrat social désigne cette réalité et l’impératif qui en découle, à savoir le besoin de renégocier de nouveaux arrangements. D’autre part, les changements de pratiques (se nourrir, se déplacer, etc.) requis par la transition écologique nécessitent de réellement prendre en compte les conditions et possibilités d’évolution des modes de vie, ainsi que les différences de capacités, de dotations et d’aspirations entre les groupes sociaux. Nous avons récemment mis en oeuvre cette logique de différenciation dans un scénario inédit de transition alimentaire (TRAMe2035).

Cet article constitue la première brique d’une collaboration entre l’IMT et l’Iddri autour de ces questions. Il vise à proposer une approche du pacte social pour la mobilité et à présenter une grille d’analyse permettant d’évaluer les risques de controverses, de contestations et de recul pour mieux construire et conduire les futures politiques de transition des mobilités. En apportant des grilles de lectures sociologiques et politiques pour les mettre en dialogue avec l’analyse technico-économique, cette démarche vise à apporter une plus grande richesse et une meilleure finesse d’analyse. Son ambition est de renforcer la capacité à mettre en oeuvre la transition écologique et de contribuer à l’élaboration d’un système de mobilité plus équitable.

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